L’approche systémique de la complexité par l’ingénierie déplace les lignes traditionnelles pour penser le lien culture et société dans sa globalité et impose ainsi de réviser la conception des politiques publiques et l’ensemble de la chaîne d’action et de valeurs. Il importe donc de la définir dans cette perspective.

L’Ingénierie Culturelle : Définition / étude internationale

Claude MOLLARD, ancien conseiller culturel auprès du ministre Jack LANG dans les années 80, a été un des premiers à poser le concept d’ingénierie culturelle, qui demeure non-théorisé. Il créera par la suite l’Agence ABCB, sa propre société de conseil, avec un modèle essentiellement axé sur le soutien et le développement d’études et d’actions dans le patrimoine et les arts visuels.

Sa définition énonce : « L’ingénierie culturelle est la capacité d’apporter des solutions optimales, en termes de qualité de coûts et de délais, aux demandes exprimées par les partenaires de la vie culturelle pour la définition d’objectifs, la mise en œuvre de programmes, la mobilisation de financements et la réalisation technique et artistique de projets. Elle fait référence à l’étude et à l’utilisation de méthodes particulières d’analyse et d’action pour la conduite des projets. Elle emprunte au principe d’interactivité, une initiative ayant toujours des effets qu’ils convient d’évaluer et de maîtriser, et qui, en retour, l’enrichissent ou la corrigent. Elle suppose le respect, à part égale, des règles rationnelles du management et du sens de la création artistique » . Nous retrouvons ainsi des éléments tangibles autour de la recherche de solutions à apporter et quant à la nature propre aux enjeux du champ culturel. La définition d’objectifs pose un cadre stratégique, mais qui est limité à la mise en oeuvre des projets et à une recherche d’efficacité opérationnelle. Elle n'intègre pas la notion de complexité et se borne à une simple « réponse à des demandes exprimées ». Or, pour faire société, la culture est le levier indispensable de la mobilisation humaine et de la connaissance. Nous sommes donc devant une définition d’ingénierie sectorielle.

La quatrième de couverture indique en complément : « Il peut sembler paradoxal d'unir dans une même définition les mots "ingénieur" et "culture". Il ne s'agit pourtant pas de mettre la création en équation, mais de prendre en compte la complexité d'un des réseaux les plus denses au monde d'équipements et d'institutions culturels. Car si l'artiste est évidemment au coeur du système culturel français, l'essor de l'ingénierie culturelle est le reflet de la professionnalisation de ses partenaires. C'est elle qui permet d'améliorer la mise en oeuvre de projets culturels et d'appuyer la création et la production dans ce secteur. C'est donc sur elle que s'appuient les politiques culturelles ». Ici encore, la complexité est associée au réseau culturel, qui nécessite effectivement des fondamentaux communs à son développement, mais qui ne peut rester le seul cadre de référence de l’ingénierie culturelle. De plus, celle-ci ne doit en aucun cas être réduite à un « appui aux politiques culturelles » mais bien les intégrer dans le concept «  fondamental qui permettra de relier » les ensembles. Considérant les caractéristiques globales de la filière et ses enjeux de société, cette définition se limite donc à une vision opérationnelle et utilitaire qu’il convient d’amender.

Par ailleurs, si le terme d’ingénierie culturelle se développe de manière relative dans les arcades des politiques publiques et des centres de ressources, il est à noter que le concept demeure fluctuant selon ses utilisateurs. Sur la page dédiée au sujet, Wikipedia déclare ne pas disposer d’assez de sources et donne une définition très partielle : « l’ingénierie culturelle est un outil de développement des territoires et des sites à partir de toutes leurs richesses culturelles et patrimoniales ». En effet, depuis une vingtaine d’années, la terminologie a surtout été utilisée par les cabinets de conseil en patrimoine et tourisme, ce qui a eu tendance à en limiter sa portée. Le Cinov Géfil se définit comme « le syndicat professionnel national qui regroupe les cabinets conseil en tourisme-loisirs-culture spécialisés en ingénierie touristique, marketing, ingénierie culturelle, programmation et AMO ». Par manque de conceptualisation, l’ingénierie culturelle est ainsi considérée de manière parcellaire et associée à un fourre-tout qui ne participe pas à son essor et à la valorisation de sa pertinence.

L’école du "Management de la culture et du marché de l’art" ICART propose quant à elle un MBA en ingénierie culturelle, présentée ainsi : « L’ingénierie culturelle repose sur l’organisation, la planification et la coordination de projets ou événements culturels dans des champs d’action très variés : musées, centres d’art, fondations, arts vivants (théâtre, salle de spectacle, festivals…) mais aussi la communication et le marketing culturel. Etudes stratégiques du projet, développement marketing, gestion des équipes et du budget, relation avec les différents prestataires et artistes ou encore promotion, sont autant de missions liées à l’ingénierie culturelle. De par sa grande diversité, l’ingénierie culturelle représente un vaste champ de métiers et de carrières possibles ». Si nous pouvons convenir de la diversité que représente l'ingénierie culturelle et les processus, dispositifs, fonctions et métiers propres à la culture, cette définition reste parcellaire. On peut d’ailleurs s’interroger sur la différence entre cette présentation et celles relevant du management culturel, qui correspondent mieux à cette vision opérationnelle.

Récemment, dans leur rapport sur La Valorisation du savoir-faire patrimonial français à l’international rendu à la Ministre de la culture et de la communication en janvier 2015, Jean MUSITELLI et Esther De MOUTHIER consacrent néanmoins les notions d’ingénierie spécifiques à la filière culturelle, en mettant en exergue l’ingénierie culturelle, l’ingénierie patrimoniale ou encore l’ingénierie diplomatique en matière de transfert à l'international.

Pour autant, sans vouloir faire polémique, l‘ingénierie culturelle y est mal étalonnée : elle est en effet intégrée aux "savoir-faire de l’ingénierie patrimoniale" (par essence sectorielle, à la différence d’une ingénierie culturelle, générique), aux-côtés du "conseil en politiques publiques" (limité à « l’expertise juridique et à l‘ingénierie administrative ») et de la formation. Le rapport indique alors que « l‘ingénierie culturelle s’applique aux équipements culturels (musées, centre d’art) et met en jeu la compétence métier des institutions concernées, [couvrant] l'intégralité du processus qui va de la conception du projet culturel à la gestion de l’équipement réalisé ». Or, la culture n’est - heureusement - pas réductible à ses seuls équipements, et son ingénierie ne relève pas de simple compétences métiers, qui s’apparentent plus à de l’expertise professionnelle.

Dans cette présentation, les politiques publiques - autour de la législation, de la réglementation, de la gouvernance, de l’appui aux politiques de développement urbain, d’aménagement du territoire, ou encore de développement économique - sont distinguées d'une ingénierie culturelle, pourtant potentiellement plus globale, ce qui contraint les rapporteurs à prendre des précautions en indiquant plus loin (page 14) qu’il «  s’agit de trouver le juste dosage entre la prise en compte des particularismes sectoriels et l’encouragement d’une approche interdisciplinaires et intégrée »… Considérer l’approche systémique de l’ingénierie culturelle permet d’éviter un tel écueil, de légitimer cette vision interdisciplinaire et intégrée et de rééquilibrer les échelles de valeurs, en couvant, ingénierie patrimoniale - métier - et politiques publiques dédiées.

En effet, comme nous l’avons démontré précédemment, la culture est devenue un système complexe, dont l’ensemble des composantes et des interactions nécessite une approche transversale, analytique et systémique, qui s’articule à la fois autour de la pensée sociétale et politique, jusqu’à la structuration de son organisation et la conduite efficace de projets. L’ingénierie culturelle enlace ainsi la chaine stratégique et décisionnaire, la chaine de valeurs, la chaine d’organisation et celle des interactions, de manière unitaire, complémentaire et équilibrée.

Notre définition élargie du concept est donc la suivante :

L’Ingénierie culturelle est l’étude, l’analyse et la mise en oeuvre stratégique des écosystèmes culturels sous leurs aspects sociaux-politiques, environnementaux, techniques, économiques et financiers. Elle relève d'une combinaison complexe d'immatériels (contenus, valeurs, savoir-faire, droits…) au sein de contextes et d'organisations variés, et implique une gestion des interactions entre ses composantes. Son objectif est de comprendre, maîtriser et mettre en cohérence la conception, les fonctionnements et les processus à l'oeuvre autour des formes et des objets culturels, dont la complexité ne permet pas un pilotage simple.
L’ingénierie culturelle mobilise des méthodes et des outils intégrés pour privilégier une approche globale. Elle permet d'avoir une vision prospective de la culture.
Son essor est lié au développement de l’art et de la culture, à la professionnalisation de ses acteurs, ainsi qu’à l’intégration croissante des processus et projets culturels dans des continuum socio-économiques. Elle insère l'art et le génie humain dans une démarche complémentaire et inter-dépendante, nécessaire tant aux enjeux créatifs, de production, d’infrastructures, d’organisation, que politiques.
La dynamique de l'ingénierie culturelle se fonde sur un équilibre permanent entre les éléments techniques et méthodologiques et les questions d’intérêt général.
Afin de confronter notre définition et d’étendre la réflexion sur la nature des enjeux que peut couvrir l’ingénierie culturelle, nous avons effectué une enquête auprès d’une cible qualifiée de 74 organisations en France, 38 au Canada et 44 basée à Singapour, toutes disciplines confondues.

Certains participants, essentiellement des représentants d’institutions, ayant demandé à conserver l’anonymat (33,96% en France et 68,18% chez les anglophones), nous ne pouvons produire la liste des organisations interrogées.

Il y a eu 53 réponses pour les français, soit un taux de participation 71,6%, et 44 réponses pour les anglophones, soit un taux de 53,66%.

Au delà du côté formel de certaines questions, les objectifs principaux étaient quadruples :
1. Evaluer la connaissance du concept d’ingénierie culturelle sur des territoires distincts. 2. Valider notre définition, et la compléter au besoin. 3. Définir des enjeux considérés comme prioritaires par les acteurs. 4. Connaître leur capacité de coopération internationale.

Nous en présentons ci-dessous quelques extraits sur ces bases.

a. Profils disciplinaires :
Les structures françaises déclarent travailler majoritairement en mode projets (64,71%) et en mode collaboratif (58,82%), et essentiellement de manière inter-disciplinaire (47,06%). Pour les Canadiens et Singapouriens interrogés, le mode collaboratif prime (65,91%) suivi du mode projet (59,09%), ainsi que de manière inter-disciplinaire (à 43,45%). Les approches strictement disciplinaires sont minoritaires dans les deux cas (17,67% et 13,64%).

b. Connaissance du concept d’ingénierie culturelle :
94,34% des personnes représentant des organisations françaises connaissent l’ingénierie culturelle, et 54,55% des organisations anglophones déclarent ne pas connaître le concept. Nous pouvons faire un parallèle entre ces résultats et la place de la "pensée conceptuelle" en France portée dans le cadre des politiques publiques et liée aux questions de structuration et de ressource, contrairement au modèle anglo-saxon canadien plus orienté vers le marché, et compte tenu du développement récent de la culture à Singapour (de plus, universités et écoles d’arts et culturelles sont aussi construites sur des modèles anglais ou américains).

Dans le cadre de la question 5, l’ingénierie culturelle inclut l’étude et l’analyse à 81,13% et les projets créatifs à 79,25% pour les sondés français. Les modes d’organisation et les techniques et outils à 71,7%, suivis de la transmission et pédagogie à 69,81%.

Les politiques publiques viennent ensuite avec 67,92% des réponses. Suivent les composantes économiques, les démarches coopératives, la prospective et le management à plus de 60%.

Pour les anglophones, l’ingénierie culturelle inclut aussi l’étude et l’analyse ainsi que les politiques publiques en premier lieu, à 65,91%.

Viennent ensuite les valeurs pour 52,27%, puis les projets créatifs à 50%, les modes d’organisation à 47,73%, les composants économiques, les flux et interactions et le développement durable tous trois à 40,91%, suivis des techniques et outils à 38,64% et des approches coopératives à 36,36%.

Sur cette question des composantes de l’ingénierie culturelle, l’étude et l’analyse, ainsi que les politiques publiques font indiscutablement consensus sur le concept.

Nous pouvons aussi constater que les éléments techniques et opérationnels sont prépondérants (exception faite des valeurs pour les anglophones qui apparaissent en 3ème position à 52,27%, au lieu de la 13ème place, avec tout de même 50,94%, pour les français).

67,92% des Français utilisent le concept, à 77.55% dans leur pratique et 44,90% dans leurs relations institutionnelles. 

En revanche, 61,36% des anglophones déclarent ne jamais l’utiliser. Les 38,64% qui l’utilisent parfois et souvent le font d’abord dans leur pratique professionnelle (41.8%), puis dans les relations institutionnelles (26,47%) et enfin en terme de recherche (20,59%).

c. Définition et compléments :
98,11% des organisations françaises valident la définition proposée (la personne s’étant déclarée en désaccord, précisant l’avoir fait par erreur), 69,81% sont plutôt d’accord et 28,30% tout à fait d’accord. Pour les Canadiens et Singapouriens interrogés, 97,72% sont aussi plutôt d’accord (61,36%) ou tout à fait d’accord (36,36%) avec la définition.

Après cette meilleure appréhension de la notion, de ses champs d’intervention et de ses objectifs, 90,57% des Français et 81,82% des anglophones voient l’intérêt d’utiliser le concept de l'ingénierie culturelle, ce qui constitue une augmentation de plus de 33% pour les français et de 112% pour les Canadiens et Singapouriens !

Les organisations interrogées envisagent d'utiliser le concept présenté, respectivement à 76,60% et 50% dans un contexte opérationnel, et 65,96% et 67,50% dans un contexte institutionnel.

Les compléments proposés par les anglophones sont : d'étendre le concept au domaine de la "diplomatie culturelle" (politique publique), y intégrer "consultation, inclusion, partenariat" (méthodes, outils et démarches), "les relations entre les personnes, le statut social, le niveau d’éducation" (interactions, immatériels et intérêt général), avoir pour objectif de faire "émerger, évoluer, s’adapter" (méthodes et outils, prospective), "modifier les pratiques des pouvois administratifs" (mise en oeuvre stratégique et prospective) et "préserver les générations futures" (continuum socio-économiques, intérêt général).

Pour les Français il serait souhaitable d’ajouter : le "développement des ressources propres des institutions culturelles par l'exportation de leur savoir-faire" et une "valeur économique" (mis en oeuvre stratégique, outils et méthodes), "des modèles nouveaux de co-évolutions inspirés des sciences du vivant" et "le Design" (méthodes et outils, prospective), une "vision pragmatique" (maîtriser et mettre en cohérence la conception, les fonctionnements et les processus à l’oeuvre), le "développement des territoires ou des sites sur la base de leurs richesses culturelles et patrimoniales" (éléments techniques et méthodologiques, intérêt général), les "rapports humains" (continuum sociaux, immatériels, interactions, intérêt général), une "approche projet duelle et partagée entre pays" (méthodes et outils, démarches), et enfin une "adaptation sociologique, interculturelle" et une "dimension ESS, d'innovation et R&D sociale" (analyse et mise en oeuvre stratégique, méthodes et outils).

Dans les deux cas, ces compléments reflètent bien la diversité des conceptions et des projections vis-à-vis de l’ingénierie culturelle. Ils sont aussi la "marque de richesse de la culture", et rendent compte d’une part de la complexité et d’autre part d’un spectre conceptuel englobant et intégratif.

Si toutes les suggestions se retrouvent dans les champs présentés dans le cadre définitionnel proposé, on note toutefois un tiraillement entre ce qui relève d'une aspiration vers les valeurs et la création, d'un renforcement du volet opérationnel et ce qui prend un sens profondément politique. La dynamique fondée sur un équilibre permanent entre les éléments techniques et méthodologiques et les questions d’intérêt général est à la hauteur de l'ambition du concept d’ingénierie culturelle.

Nous ont aussi été rappelé les questions "d'éthique" et de "droits culturels », qui relèvent d’immatériels et de l‘intérêt général. Ceux-ci seront effectivement le fondement d’une ingénierie culturelle en faveur d'un développement humain durable, développée en partie II.  Certains répondants souhaiteraient pouvoir disposer d’une définition simplifiée, afin de pouvoir l'utiliser de manière plus courante. Nous nous y efforcerons d’ici la fin de ce travail.

d. Enjeux considérés comme essentiels par les acteurs interrogés :
Les enjeux identifiés par les participants à l’étude sont d’une grande diversité et revêtent des natures variées. Voici une liste organisée, et volontairement exhaustive, qui démontre la complexité et traverse l’ensemble des prérogatives de l’ingénierie culturelle :

Enjeux de valeurs et enjeux publics
> Identité et rayonnement. Valeurs. Idéal et pragmatisme.

> Anticipation politiques de soutien aux acteurs. Coopération institutionnelle. Co-construction politiques publiques. Equilibre entre mission d’intérêt général et viabilité économique. Frontières public / privé. Valeur de l’art et de son financement.

> Posture et légitimité. Gouvernance. Réputation. Pertinence. Responsabilité.

> Droits culturels. Reconnaissance des valeurs de l’art pour le développement humain et de la société. Construire une société de cohésion. Respect des droits humains encadrant les stratégies.

Enjeux des savoirs
> Expertise culturelle. Compréhension, représentation et exploration de la complexité. Positionnement de l’ingénierie culturelle en France.

> Evaluation des acquis de la formation professionnelle. Certification.

Enjeux des modes d'organisation
> Outils, processus et culture d’innovation. Stratégies culturelles.

> Transversalité inter-secteurs, vers l’extérieur et entre les politiques publiques. Processus d’innovation trans-sectorielle. Trans-disciplinarité. Décloisonnement. Connaissances interculturelles et corporatives. Impact culturel des médias et de l’innovation. 

> Survie. Viabilité à long terme du secteur non-lucratif. Contrats de filières par eco-systèmes. Structuration. Ressource.

> Export. Soft power économique et politique. Mesure des effets de la diplomatie culturelle.

> Collaboration. Approches créatives et coopératives. Liens entre culture et économie sociale et solidaire (ESS). Développement durable.  Agenda 21. Innovation sociale. Les derniers points, s’ils impliquent de nouveaux mode d’organisation, rejoignent aussi les enjeux de valeurs.

Enjeux fonctionnels
> Nouvelles méthodes de management de projets : design thinking… Gestion des ressources humaines. Compétences et flexibilité. Succession des dirigeants. Longévité des organisations. Pertinence et durabilité. Préservation et accessibilité. Qualité de conception. Nouveaux outils de communication. Economies d’échelles. Recherche de partenaires, de projets et financiers.

> Faculté d’adaptation. Innovation projets. Expérimentation. Anticipation. Leadership.

> Prévisibilité. Inclusion révolution numérique. Collecte collaborative et analyse des données (export, public, management). Rééquilibrage des échelles de valeurs.

Enjeux artistiques et créatifs
> Maintient de la qualité artistique et ouverture. Création et tradition. Aide aux jeunes artistes. Professionnalisation des dirigeants de compagnies de spectacle vivant. Jugement économique équitable des créations et sélectivité. Adaptation offre et demande. Diffusion. Construction de systèmes de commissariat. Statut des auteurs. Numérisation du patrimoine.

Enjeux de médiation
> Education et partage des connaissances. Développement des publics. Emerveiller et instruire. Augmenter la fréquentation des musées pour améliorer la compréhension de l’art. Inclusion. Communautés. Engagement. Impact local et sensibilisation à la qualité. Expérience utilisateur.

e. Capacité de coopération internationale
86,36% des sondés canadiens et singapouriens font partie d’au moins un réseau (56,82% sont membres de plus de deux réseaux), à 66,67% international. Pour les Français le taux de participation à au moins un réseau est de 81,13% (66,04% ont plus de 2 réseaux), à 81,4% d’échelle nationale et 65,12% internationale.
Les collaborations internationales pour les anglophones ont essentiellement lieu, par des partenariats (54.55%), dans le cadre de missions internationales ou via la participation à un réseau (47,73%). Suivent ensuite la diffusion d’oeuvres, de services et la position géographique.
Pour les organisations françaises, les collaborations internationales s’appuient en premier lieu sur des missions professionnelles (56,6%), des partenariats (52,83%), et sur la diffusion d’oeuvres (47,17%). La participation à un réseau (39,62%), puis l'exportation de services (22,64%) devancent l’implantation (20.75%).
Les Canadiens et Singapouriens interrogés travaillent à 97,3% à l‘international depuis plus de 2 ans (78,38% depuis plus de 5 ans), pour 90% des Français (75% pour plus de 5 années). Il s’agit d’un activité principale pour 35,14% et complémentaire pour 54,05% des anglophones, contre 45,45% principale et 43,18% secondaire pour les structures françaises.

Tous territoires confondus, les principaux obstacles à lever à l’international relèvent « des choix politiques, des différences culturelles, des pratiques à identifier, des cadres légaux et administratifs, d’équilibre économique et d'implication respective dans les partenariats, de la complexité des dispositifs européens, des disparités de financements, de la compréhension des besoins mutuels et de leurs réponses, de l’accès à des informations et des données standardisées et partagées, de l’appréhension des écosystèmes locaux, de l'impossible "industrialisation" des process entre différents pays, des difficiles transferts de compétence technique et de décentralisation de la production, des coûts, du temps (dont de développement), de la durée limitée des projets, de la langue, d’approches transversales, de l'évaluation de son impact, de la communication sur le territoire de destination, de la notoriété à développer, de l’identification des acteurs décisifs, de la mobilisation de ressources locales et du manque de stratégies internationales intégrées ».
Les opportunités identifiées s’appuient quant à elles sur les questions « de compréhension et d'enrichissement mutuels, de diversité culturelle, de volonté artistique, d’ouverture d’esprit, de réseaux professionnels, de confiance, de multi-culturalisme inventif et innovant, de synergies et d’inspirations mutuelles fructueuses, d’opportunités à savoir saisir, de mesures fiscales et de soutien à l’export, de méthodologie de projets européens, d’interactions culturelles afin de bénéficier de l'expérience de l’autre, d’accroissement mutuel des valeurs des parties prenantes, de reconnaissance de l'expertise française, d’établissement de partenariats stratégiques à long terme, et d'une vision de l'art comme "global language" ».

Ces données qualitatives donnent des clés pour penser les projets internationaux et sont une ressource mobilisable par l‘ingénierie culturelle dans un cadre de coopération internationale. Nous ferons en sorte de tenir compte de ces paramètres dans la partie III de ce travail.